
Blanchiment de capitaux : un cabinet de conseil et un réseau d’influence dans le viseur de la CENTIF
societe 17 Sep 2025

La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) a mis au jour un vaste mécanisme de blanchiment de capitaux impliquant corruption, trafic d’influence et association de malfaiteurs.
Tout est parti d’une information spontanée transmise par une cellule de renseignement financier européenne. Celle-ci alertait sur des transactions suspectes impliquant un cabinet de conseil, BETA, en relation d’affaires avec des entités sénégalaises.
Selon les premières analyses, plus de 1,5 milliard de FCFA, en euros, ont été virés depuis le compte d’une entité publique sénégalaise vers un compte bancaire appartenant au cabinet BETA, basé en Europe. Officiellement, ces fonds correspondaient aux honoraires de BETA pour ses prestations de conseil dans un litige opposant l’entité publique à une société étrangère.
Mais l’enquête de la CENTIF a révélé un circuit financier bien plus complexe. Une part importante des sommes perçues par BETA a été réacheminée vers le Sénégal, créditée sur les comptes d’une société dénommée GAME.
Or, GAME est dirigée par un chef d’entreprise très en vue, connu pour ses liens avec plusieurs hommes d’affaires, directeurs de sociétés nationales et autorités publiques. Un contrat d’apporteur d’affaires liait GAME à BETA, prévoyant des commissions équivalentes à 20 % des honoraires générés par le cabinet.
Cependant, l’analyse des flux financiers a mis en évidence des paiements largement supérieurs aux montants contractuels, laissant apparaître un système de rétrocommissions et de détournements de fonds, le tout sous couvert de prestations fictives.
Au terme de ses investigations, la CENTIF a conclu à l’existence d’indices graves et concordants de blanchiment de capitaux provenant d’actes de corruption, de trafic d’influence et d’association de malfaiteurs.
Le dossier pourrait désormais être transmis aux autorités judiciaires compétentes pour d’éventuelles poursuites.