
Le régime de Diomaye imite-t-il Macky Sall : la Justice comme «arme politique» ?
societe 17 Sep 2025

Depuis avril 2024, le Sénégal semble glisser lentement mais sûrement vers une forme de «judiciarisation » « excessive » de la vie publique, où la justice devient non plus
un pilier de l’État de droit, mais un instrument de contrôle politique et idéologique. Le paradoxe est frappant : alors que le régime de Macky Sall était régulièrement accusé «d’instrumentaliser la justice » pour faire taire ses opposants, le parti Pastef, aujourd’hui au pouvoir, semblerait suivre une trajectoire similaire. En effet, un constat s’impose : Les journalistes, activistes, chroniqueurs, opposants et autres voix critiques font désormais les frais de cette justice qui, selon de nombreux observateurs, semble fonctionner « sur auto-saisine » du procureur. L’arrivée au pouvoir du Pastef a suscité beaucoup d’espoir, notamment en termes de rupture avec les pratiques jugées autocratiques du régime de Macky Sall. Mais les récents développements montrent que la transition s’est accompagnée d’une continuité « inquiétante ».
Lors du dernier remaniement ministériel, le choix de Yacine Fall et de Me Bamba Cissé, ex-avocat et fidèle de Sonko, respectivement comme garde des Sceaux, et ministre de l’Intérieur, renforce cette perception d’un pouvoir qui place ses hommes aux postes clés. Le Pastef, qui avait fondé sa légitimité sur la dénonciation de l’injustice et de l’impunité sous Macky Sall, semblerait aujourd’hui reproduire les mêmes schémas de répression, en les justifiant par le besoin de stabilité, de discipline, ou de défense des institutions. Le Sénégal est-il en train de devenir une République où l’on ne parle plus que le langage judiciaire ? Le juriste Amath Thiam a bien raison de poser la question. Une République où l’on gouverne par l’intimidation juridique, où l’on surveille, censure, et sanctionne toute divergence ? Si le Pastef veut réellement rompre avec les pratiques du passé, il devra restaurer la confiance dans l’appareil judiciaire, non pas en le politisant davantage, mais en le dépolitisant radicalement.